Exploitation du gaz de schiste: la France prend du recul

En 2010, la France délivre trois permis d’exploration permettant d’évaluer la quantité de gaz de schiste présent dans les sous-sols français. Un an plus tard, elle revient sur ses positions et abroge les permis. Un choix applaudi par les écologistes et les élus locaux, décrié par les groupes Total et Schuepbach Energy et peu soutenu par la communauté européenne. Petit tour d’horizon pour bien comprendre les enjeux de cette décision.

Le gaz de schiste, c'est quoi?

Le gaz de schiste est un gaz naturel, c’est-à-dire un combustible fossile composé principalement de méthane, que l’on trouve dans des roches sédimentaires compactes et imperméables appelées les schistes.

On dit que c’est un gaz non conventionnel puisqu’il n’est pas disponible grâce à des fissures naturelles mais demande des techniques d’extraction spécifiques.

La méthode d'extraction : la fracturation hydraulique

Cette méthode consiste à fissurer la roche et provoquer des failles proches du sol ou en profondeur (jusqu'à 4 000 mètres) à l’aide d’un liquide composé d’eau, de sable et de produits chimiques injecté à très forte pression. Le gaz alors libéré est aspiré à la surface. Cette technique permet d’accéder rapidement à des ressources jusque-là pratiquement inaccessibles.

La fracturation hydraulique présente cependant des risques et des perturbations pour l’environnement et les populations locales :

  • Pollution des nappes phréatiques et contamination des eaux usées,
  • Émission importante de CO2 qui contribue au réchauffement climatique,
  • Possible accentuation des risques sismiques

Suite aux dégradations et accidents survenus principalement aux Etats-Unis et au Canada où cette technique de forage est utilisée, la France devient le premier pays a adopté une loi, du 13 juillet 2011, visant « à interdire l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique ».

Le gaz de schiste : les enjeux stratégiques

D’autres techniques d’extraction du gaz de schiste restent autorisées, mais aucune pour le moment n’a eu l’aval de l’Etat français et ne semble scientifiquement satisfaisante. Pourtant, si la porte reste ouverte pour l’exploitation de ce combustible, c’est qu’il représente une perspective tentante vers une indépendance énergétique partielle.

Une perspective qui justifie que d’autres pays, moins regardants sur les risques écologiques de ce procédé, choisissent d’exploiter leurs sols riches en combustibles fossiles non conventionnels pour stopper leur importation de gaz, bouleversant ainsi l’ordre économique du secteur énergétique.

Il semble manifeste que la course à l’indépendance énergétique, au moins pour quelques dizaines ou au mieux centaines d’années, va gagner du terrain au niveau mondial en dépit des risques avérés pour l’environnement.

Exploitation du gaz de schiste: vers une homogénéisation des lois européennes ?

La décision française n’a pas suscité une franche approbation, notamment de la part de Mme Connie Hedegaard, Commissaire européen à l’Action pour le Climat, qui se dit pour le moment opposée à une harmonisation des lois sur le sujet. Une position appréciée par plusieurs États membres, qui, comme la Pologne, envisagent d’exploiter dès que possible les zones riches en hydrocarbures de leur territoire.

Günther Oettinger, le Commissaire européen à l’Énergie, propose quant à lui une réflexion commune pour trouver et mettre en place de nouvelles normes continentales.

La discussion sur le gaz de schiste est bel et bien lancée au sein de l’Union Européenne et aucune position ne faisant pour l’instant l’unanimité, le débat ne fait que commencer.

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