La qualité de l'air intérieur des bâtiments est trop souvent négligée

Malgré la réglementation en vigueur, la qualité de l'air des bâtiments ne semble pas s'améliorer. Et cette problématique ne va pas en s'arrangeant avec la rénovation thermique des bâtiments qui est dans certains cas, un synonyme de confinement. Face à ce constat, le 5ème colloque Défis Bâtiments Santé qui a eu lieu le 2 juin 2015, a signalé les insuffisances de la réglementation française face au radon ainsi que des manquements dans l’application des normes de ventilation.

Récemment, Ségolène Royal a renvoyé aux calendes grecques l'obligation légale de mesurer la qualité de l'air au sein des écoles maternelles et des crèches qui devait être mise en place pour le 1er janvier 2015. Cette décision surprenante relève de problématiques d'allègement des coûts et de simplification des normes pour les communes. Cette réglementation aurait pourtant été très utile... A titre d'exemple, la commune de Saint Symphorien sur Couze a tout de même souhaité effectuer ces mesures. Elles ont révélé un taux supérieur à 1000 becquerels par mètre cube de radioactivité, ce qui dépasse le seuil de sécurité. La classe a ainsi été dans l'obligation de déménager le temps de réaliser les travaux appropriés.

La ventilation, la clé pour purifier l'air intérieur des bâtiments

Une étude récente de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur indique que parmi un échantillon de 430 logements, la moitié étaient pollués. Pire, dans chaque logement étudié, les scientifiques ont trouvé la trace d'une trentaine de polluants en moyenne. Ces produits polluants se dégagent du sol, des meubles, des produits d'entretien ou encore du chauffage ou de la cuisson des aliments.

L'organisatrice du colloque Défis Bâtiment Santé s'était déjà prononcée sur le sujet l'année passée. Elle déplorait l'obsolescence de la réglementation face à l'importance de la ventilation au sein des bâtiments. Aujourd'hui, avec la rénovation massive des bâtiments la problématique de la ventilation devient de plus en plus importante car les bâtiments deviennent plus étanches. D'après une étude du CSTB, 44% des logements performants sont équipés de VMC double flux contre seulement 1% du parc national.

L'entretien de la ventilation totalement négligé

Malgré les performances supplémentaires qu'elle octroi au bâtiment, la rénovation thermique peut parfois causer des perturbations hygrothermiques et favoriser les moisissures toxiques lorsque l'air ne circule pas assez. Ces moisissures dangereuses se propagent ainsi dans les filtres des systèmes de ventilation. Le programme Prebat a récemment réalisé des mesures dans les bâtiments performants thermiquement et a constaté que les filtres des bâtiments collectifs étaient changés environ une fois par an au lieu de tous les 4 mois. Pire, ils ne sont absolument pas changés chez les particuliers.

Ces défauts d'entretien entraînent l'encrassage des filtres qui fait passer l'efficacité du soufflage la ventilation de 100% à 25% en seulement 9 mois. Le deuxième problème majeur concerne l'installation de la ventilation qui, si la pose est mal réalisée, peut parfois causer une gêne (le bruit par exemple), ce qui entraîne certaines personnes à boucher la ventilation.

Pour pallier ce manque de connaissances et de prise de conscience, l'Ademe et plusieurs acteurs du bâtiment travaillent sur des fiches d'auto contrôle destinées aux maîtres d'ouvrages et aux entreprises. Cependant, Pierre Deroubaix, membre du service Bâtiment de l'Ademe déclare que rien ne changera tant que des contrôles ne seront pas effectués.