Bois-énergie : quels enjeux pour la filière ?

La filière bois-énergie ne cesse de se développer en France. Le pays compte actuellement plus de 6000 centrales, ce qui n’est pas pour déplaire à la stratégie de transition écologique entreprise par l’Etat. Le 19 janvier dernier, MINES Paris Tech a justement eu lieu un séminaire portant sur les enjeux de la filière bois-énergie où se sont confrontés tous les acteurs et professionnels dans le secteur. L’objectif de cette rencontre est clair : suivre de près l’évolution de la réglementation de la filière, mais aussi les améliorations à apporter pour un meilleur développement des industriels.

La filière bois énergie pérenne et profitable

La filière bois-énergie compte de nombreux avantages puisque déjà en matière de ressources, le territoire français est composé de 30 % de forêt. Mais ce n’est pas tout, il faut aussi prendre en compte les gisements de bois issus de la démolition et de la construction en BTP.

Le Directeur du Département bois et biomasse de Véolia, Louis de Reboul estime donc qu’« Il y a une pérennité et une croissance de la ressource en bois, ce qui est un avantage pour la filière de valorisation énergétique » et ce malgré le coût des installations de combustion. Puis, il y a également la consolidation des consignes de tri, les REP, et les difficultés liées à l’exportation de déchets, autant de raisons qui amènent à opter pour la filière bois-énergie.

Les impacts du fonds chaleur et la réputation de la filière bois énergie auprès du public

Pour garantir un développement rapide de la filière bois-énergie, il est nécessaire que le coût de la chaleur produite par la chauffage à bois reste stable. En outre, le fonds chaleur de l’Ademeet la taxe climat-énergie doivent être renforcés. Pour cela, il faudrait étendre les interventions du fonds chaleur aux travaux dans les immeubles selon Serge Defaye, ex-président du Cibe. Puis, certains freins réglementaires concernant cette filière empêchent aussi le développement, notamment l’encadrement communautaire des aides.

Quant à la mauvaise image des réseaux de chaleur auprès du public, elle est surtout le fruit du manque de transparence des collectivités territoriales défend Serge Defaye. Louis de Reboul quant à lui juge que la raison de cette mauvaise presse est le fait qu’on parle de déchet et non de produit. D’après lui, il faut éviter de parler de bois en fin de vie qui va être valorisé en énergie, car cela renvoie une autre image. La bonne méthode serait donc de considérer les réseaux de chaleur comme un produit et non un déchet.

Le bois énergie face à la préservation de la forêt

60% de la production d’énergies renouvelables en France proviennent des bioénergies. Le bois qui figure en tête de liste des fournisseurs d’énergie renouvelable suscite la polémique actuellement.

En effet, comme le bois destiné à l’énergie est à 75 % tiré de la forêt, les impacts sur l’environnement et les écosystèmes ne sont pas négligeables surtout pour les centrales biomasse industrielles. Cela se défend, car les forêts françaises absorbent 12 % des émissions de CO2 du pays tous les ans. Si elles perdent donc de ses capacités, les risques de réchauffement climatique sont très grands. Ainsi, il est essentiel, voir primordial de respecter le principe de hiérarchie des usages. C’est-à-dire que le bois d’œuvre et le bois industrie doivent être priorisés par rapport au bois énergie.

Actuellement, il existe une limite de la production du bois énergie en France. La solution est donc de limiter l’utilisation d’arbres entiers et opter pour les résidus de l’industrie forestière pour produire de l’énergie. Pareil, il est aussi très important de ne pas exploiter les forêts situées dans les zones à forts enjeux écologiques. Et enfin, France Nature Environnement invite également toutes les centrales à ne pas produire d’électricité à partir du bois si l’efficacité en co-génération chauffage-électricité est encore inférieure à 85%. Maintenant, , reste à savoir le bilan de la filière bois-énergie pour cette année 2018.