Le gouvernement présente son plan hydrogène

Dans le cadre de la transition énergétique, le gouvernement a récemment présenté son plan de déploiement de l’hydrogène. Le ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, compte faire de la France un leader mondial de cette technologie. Articulé autour de trois grands axes, le plan vise à faire de l’hydrogène une solution majeure pour le mix énergétique de demain.

L’hydrogène constitue un levier essentiel pour atteindre les objectifs de la transition énergétique vers la neutralité carbone d’ici 2050. Le plan hydrogène présenté par le gouvernement, à travers le ministre de la transition écologique et solidaire, a pour objectif d’appuyer l’innovation et le développement industriel de la filière décarbonnée.

Ce plan identifie trois priorités notamment le verdissement des usages industriels de l’hydrogène, le développement d’une mobilité plus propre et le développement du stockage de l’énergie renouvelable dans le réseau de gaz. Le plan contient 14 mesures réparties suivant ces trois axes.

"Toute la filière industrielle de l’hydrogène existe en France

Développer un modèle énergétique neutre en carbone avec l'hydrogène

Le premier axe du plan de déploiement consiste à verdir les technologies liées à l’utilisation industrielle de l’hydrogène. « C’est la première brique qui nous permet de rentrer très rapidement dans un monde moins carboné », soutient le ministre d’Etat. Aujourd’hui, l’hydrogène est principalement utilisé dans le secteur industriel aussi bien en France (1 Mt par an) qu’à travers le monde (61 Mt par an).

Il est essentiellement produit à partir du méthane par vaporeformage, une méthode qui émet du gaz carbonique. Les technologies pour produire de l’hydrogène émettent fortement des gaz à effets de serre à raison de 13 tonnes de CO2 pour 1 tonne de H2 produit. A l’échelle française, cela correspond à environ 3% des émissions de CO2 et à près de 26% des émissions de CO2 dans le secteur industriel. La production d’hydrogène décarbonné constitue ainsi un enjeu majeur dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le procédé d’électrolyse permet de produire de l’hydrogène sans émission de CO2 à partir de sources renouvelables. Le plan prévoit de porter la part de l’hydrogène « vert », hydrogène obtenu à partir des énergies renouvelables, dans le milieu industriel à 10% d’ici 2023.

Il faut savoir que 95 % de l’hydrogène consommé en France est issu des énergies fossiles. Cette part devrait atteindre un niveau entre 20% à 40% à l’horizon 2028. Par ailleurs, le gouvernement envisage de mettre en place à partir de 2020 un système de traçabilité sur l’origine de l’hydrogène dans le cadre de la révision de la directive européenne relative aux énergies renouvelables. Enfin, il entend mettre en valeur l’impact environnemental de l’hydrogène dans la règlementation relative aux gaz à effet de serre.

Miser sur le développement des capacités de stockage des énergies renouvelables

L’hydrogène est un vecteur énergétique non une source d’énergie. Ainsi, il doit être produit, puis stocké avant d'être utilisé. Il existe différentes solutions de stockage d’énergie telles que les batteries, l’hydrogène, le pompage-turbine d’eau, les volants d’inertie, le stockage thermique, etc. Particulièrement, l’hydrogène offre des perspectives de stockage intéressantes. Il permet de stocker à grande échelle de l’électricité issue des sources renouvelables intermittentes, et ce, sur de longues périodes.

L’énergie stockée par l’hydrogène peut être restituée en le brûlant ou par une pile à combustible. L’hydrogène peut ainsi être utilisé pour injecter de l’électricité « verte » sur le réseau électrique, pour produire de la chaleur dans le réseau de gaz ou pour alimenter les véhicules électriques. Cette molécule de gaz offre également des perspectives dans le captage du CO2 pour fabriquer du méthane de synthèse en se combinant au CO2. Afin de développer les capacités de stockage des énergies renouvelables, le plan prévoit de lancer rapidement des expérimentations dans les territoires isolés en occurrence pour l’installation d’électrolyseurs. Par ailleurs, les conditions techniques et économiques relatives au procédé « power-to-gas » permettant la conversion de l’électricité à partir d’énergies renouvelables devront être fixées par les opérateurs dans le secteur du gaz.

Déployer des mobilités propres

La transition énergétique fixe parmi ses principaux objectifs le développement d’une mobilité propre. Les solutions reposant sur l’hydrogène sont complémentaires à l’électrification basée sur les filières batteries. Néanmoins, l’utilisation de l’hydrogène dans les transports présente des avantages notamment pour les transports lourds (routier, ferroviaire et fluvial). Le plan fixe comme objectif d’atteindre 5 000 véhicules hydrogène utilitaires légers en circulation d’ici 2023 si on en compte actuellement un peu plus de 250 et 200 véhicules lourds (bus, cars, camions, trains). Parallèlement, 100 stations alimentées en hydrogène produit localement seront à construire d’ici là.

A l’horizon 2028, ces chiffres seront portés entre 20 000 et 50 000 véhicules utilitaires légers, 800 à 2 000 véhicules lourds et 400 à 1 000 stations. Le gouvernement compte, par ailleurs, accompagner le déploiement d’une gamme de véhicules lourds routiers, de bateaux, de trains aéronautiques. Les mesures comprennent également le lancement d’une mission parlementaire pour verdir le parc ferroviaire.

En outre, l’Agence de développement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) assurera le pilotage pour accompagner les projets des acteurs. Elle coordonne les sujets relatifs à l’hydrogène et pilote également le déploiement d’écosystèmes hydrogène.Le développement de la production d’hydrogène par électrolyse favorise l’émergence d’écosystèmes hydrogène locaux combinant un plan de développement de la mobilité tenant compte de l’aménagement du territoire, un recours aux énergies renouvelables produites localement et un système financier qui permet de s’assurer contre les risques liés à la commercialisation.

Une enveloppe de 100 millions d’euros pour le déploiement

A partir de 2019, 100 millions d’euros seront investis par le gouvernement pour accompagner les premiers déploiements de l’hydrogène dans l’industrie, la mobilité et l’énergie. Cette enveloppe sera gérée par l’Ademe en continuation de sa mission d’accompagnement. Si les premiers déploiements s’avèrent concluants, le gouvernement vise un financement régulier de 100 millions d’euros par an en faveur de l’hydrogène. Ces aides serviront en partie à soutenir l’acquisition d’électrolyseurs par le biais de l’aide à l’investissement avec comme objectif un coût de soutien inférieur à 20€/tCO2. En ce qui concerne les transports, les aides viseront à mettre en place des projets territoriaux pilotes.

Pour les stations de recharges, les aides seront sous forme d’avances remboursables. Les aides concernent également l’acquisition des véhicules utilitaires ou des véhicules de transport en commun. Dans le domaine du stockage de l’hydrogène, le gouvernement appuiera les projets hybrides notamment dans les zones non interconnectées au réseau qui combinent plusieurs usages de l’hydrogène.

Pour les financements en subvention ou en avances remboursables, l’aide sera organisée sous forme d’appels à projets étant donné que les divers projets ne sont pas encore standardisés et surtout que les technologies envisagées ne sont pas encore à maturité.

Le plan de déploiement de l’hydrogène devrait permettre la structuration d’une filière émergente française. Par ailleurs, il convient d’aborder la mise en place de cette nouvelle filière énergétique avec une vision globale afin que ce plan s’insère dans un contexte mondial déjà en compétition. Enfin des coopérations sont à envisager au-delà du potentiel d’exportation de la filière française avec en occurrence l’Allemagne concernant le secteur industriel et celui des transports ou encore la Chine au sujet des cimenteries dont les émissions de CO2 mondiales sont pesantes (5%).